Retable Saint-Pierre
Retable Saint-Pierre
Retable Saint-Pierre
Moulin de Charreau
Retable Saint-Pierre
Eolienne Bollée
Retable Saint-Pierre
Retable Saint-Pierre
Eglise Saint-Pierre
Retable Saint-Pierre
Le Moulin de la ville

Retable Eglise Saint-Pierre

Le Bourdon de Notre Dame de Paris à Courville-sur-Eure

Notre-Dame de Paris, église Saint-Pierre de Courville, quel rapport entre ces deux édifices fort différents tant par leur architecture, leur dimension que leur histoire ? Tous simplement une œuvre d’art que l’on peut admirer depuis 325 ans. Découvrons ce patrimoine unique.

Peu de gens le savent mais il existe un point commun, ou plutôt devrait-on dire une œuvre commune entre notre église,  classée au patrimoine des monuments historiques et Notre-Dame de Paris. Cette œuvre, c’est le tableau de la crucifixion de saint Pierre qui orne le retable de l’église et qui frappe d’entrée le visiteur qui pénètre dans l’édifice et dont un modèle similaire orne les murs de la cathédrale parisienne.

Les Mays de Notre-Dame

Le dramatique incendie de Notre-Dame l’an dernier a involontairement mis un coup de projecteur sur les nombreuses et précieuses œuvres d’art qu’elle y abritait.
Le 19 avril 2019 les télévisions relayaient le sauvetage de treize grands tableaux peints, accrochés dans les chapelles latérales, dont l’histoire est intimement liée à l’édifice.  
La confrérie Sainte-Anne de la corporation des orfèvres institue le 1er mai 1449 l’offrande du May (forme ancienne du mois de mai). Celle-ci se manifeste d’abord sous la forme d’un arbre décoré de ruban et placé devant le maître hôtel en dévotion à la Vierge Marie.

Une tradition
La tradition évolue quelques décennies plus tard par le placement d’un petit tabernacle composé de poèmes. Puis en 1533 des tableaux peints que l’on appelle les petits Mays apparaissent. En 1630 le don annuel prend une toute autre ampleur. Le chapitre de la cathédrale autorise la confrérie à offrir le 1er mai un tableau peint de 4 mètres de haut destiné à être accroché sur les colonnes de la nef transformant celle-ci en une sorte de musée avant l’heure. Recevoir une commande pour peindre un May était synonyme de consécration et de reconnaissance et une assurance d’une importante notoriété. La tradition perdure jusqu’en 1708 année de la disparition de la confrérie. La collection représente 76 peintures, les années 1683 et 1694 n’ayant pas connu d’attribution de tableaux. Saisis par les révolutionnaires ils sont transférés au musée du Louvre nouvellement créé ou dispersés en province. Une partie réintègre la cathédrale en 1803. Le reste est réparti dans d’autres édifices religieux ou même vendu. De nos jours, une partie est déposée au musée du Louvre, une autre est au musée des beaux-arts
d’Arras et quelques-uns sont à Notre-Dame. Il en manque plusieurs à l’appel qui n’ont jamais été retrouvés.

Le tableau Notre-Dame de Paris

La confrérie Sainte-Anne commande le tableau du May de 1643 à un jeune peintre âgé de 27 ans, déjà reconnu pour la complexité de ses compositions et sa palette colorée. Sébastien Bourdon (Montpellier 1616 – Paris 1671), de retour à Paris après un voyage d’étude à Rome, devient très vite un peintre en vogue à la production prolixe. Il est l’un des douze membres fondateurs de l’académie royale de peinture et sculpture en 1648.
La grande huile sur toile d’environ 3,5 sur 2,5 mètres de dimension représentant la scène de la crucifixion de saint Pierre est exposée comme le veut la tradition le 1er mai sur le parvis de la cathédrale. Il est ensuite accroché sur le mur droit de la chapelle Sainte-Geneviève (3e chapelle dans le déambulatoire du bas-côté droit). Il y restera jusqu’à sa dépose suite à l’incendie de la cathédrale. Une esquisse, huile sur toile de dimension 2,24 x 3 mètres est exposée au musée Carnavalet à Paris.

Le tableau de Courville

Le monumental retable qui trône au fond du chœur de l’église Saint Pierre, classé à l’inventaire des monuments historiques en 1906  lui sert d’écrin. Cette imposant chef d’œuvre de menuiserie n’a pas encore révélé tous ses secrets. La tradition locale prétend qu’il était primitivement installé dans l’église Saint Pierre de Chartres (abbaye de Saint-Père-en- Vallée) et fut acheté aux ventes de mobilier des églises supprimés par la Révolution. Il est possible qu’il soit tout simplement issu d’une commande de la fabrique de la paroisse de Courville. Sa date de construction n’est pas connue, nous pouvons envisager de la situer vers 1684 date de l’achat du maître autel.
Le tableau de la crucifixion de saint Pierre porte la signature de Lamy et la date de 1689 (classé à l’inventaire du patrimoine en 1906). Claude Lamy est né à Mortagne (61) en 1650. Sa vie est peu documentée. Néanmoins, nous savons qu’il est qualifié de Maître peintre à Notre-Dame-de Mortagne et qu’il achète une boutique dans la même ville en 1694. Il meurt dans sa ville de naissance en 1704. Seules deux de ses œuvres sont identifiées avec certitude, une assomption de la vierge en l’église de Ecorcei (département de l’Orne) et le tableau de Courville. Son fils, Charles (1689-1745) après une formation dans l’atelier de son père fera une belle carrière. Il est reçu comme peintre d’histoire à l’académie royale de peinture le 29 octobre 1735 consacrant ainsi sa carrière.

Le tableau de Sébastien Bourdon,
Notre Dame de Paris

La scène du crucifiement est centrée et puissamment
éclairée. L’impression d’agitation des personnages est renforcée par le jeu d’obliques et par les nuages
menaçant. Tous est déséquilibre.  La statue en fond qui semble vaciller pourrait représenter l’empereur Néron qui règne à cette époque ou bien le préfet romain Agrippa qui fait arrêter saint Pierre et symboliserait la destruction de Rome par Néron.
Le personnage principal s’intègre dans une construction en double triangle dont les personnages principaux en délimitent les sommets. Les lignes de force du tableau ramènent le regard vers la tête du crucifié.
En bas à gauche un disciple de saint Pierre lui parle à l’oreille. Deux anges tiennent l’un une couronne de laurier symbole de gloire et d’immortalité et l’autre une palme symbole de sacrifice et de martyr.
Le chien agressif en bas à droite est une représentation symbolique de la foule envahie par le mal.
La pyramide représente une des deux bornes de la Spina (cirque romain) entre lesquelles une tradition place ce martyre.

Le tableau de Claude Lamy,
Eglise Saint-Pierre de Courville-sur-Eure

Au premier abord il semble identique à celui de Notre-Dame, la scène et les personnages sont présents. En les plaçant côte à côte une multitude de détails les différencient. Tout d’abord, saint Pierre apparait plus maigre, visages et chevelures des bourreaux sont différents. La main transpercée de saint Pierre ne saigne plus. Le chien a disparu. Le fond a changé, le décor romain laissant place à un bâtiment d’époque romane et qui pourrait être un clin d’œil de l’artiste à l’église de Mortagne à laquelle la façade ressemble fortement. Une colonne conique apparait et se fond dans le ciel. Cela pourrait-être une interprétation de la Colonne Trajan, évoquant la persécution des Chrétiens par le peuple romain et construite non loin du site de la crucifixion.
L’ange de droite semble avoir perdu sa palme. Un ajout important se caractérise par le soleil qui perce le manteau de nuage encore plus oppressant que sur l’orignal etc… Le peintre à signé son œuvre en latin sur un ruban enroulé sur une lancette : Lamy pinxit. Moritaniæ.  1689 (Lamy peintre Mortagne 1689).